“Dahlia : le label garant de la qualité”
Codirigeant des établissements Ernest-Turc, Philippe Turc souligne les atouts du Label rouge pour la commercialisation de sa production. Bilan un an et demi après l'obtention...
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Le dahlia est la seconde production ornementale (après le gazon) à avoir obtenu, en juillet 2009, le Label rouge, homologué depuis février 2011. À ce jour, cent onze cultivars ont décroché le sésame, valable dix ans. Objectif à terme : une cinquantaine de cultivars labellisés par producteur. Cette démarche de labellisation a été menée collectivement par des obtenteurs, producteurs, enseignes de distribution, associations d'amateurs, la Société nationale d'horticulture de France (SNHF) et la Société française du dahlia (SFD). La Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières (FNPHP) leur a apporté son soutien. Ensemble, ils ont créé, en septembre 2009, l'association Excellence Végétale, organisme de défense et de gestion (ODG) agréé par l'Institut national de l'origine et de la qualité (Inao) pour promouvoir les végétaux labellisés, les valoriser et garantir leurs qualités.
Philippe Turc, codirigeant et responsable commercial d'Ernest-Turc Productions, à Angers (49), souligne les implications et les bénéfices pour les producteurs de bulbes engagés dans la démarche, et revient sur les étapes de la labellisation. « Une telle démarche est longue à aboutir. Pour nous producteurs, l'expérience a été très intéressante. Nous avions anticipé sur les critères spécifiques à respecter pour la production des cultivars : culture, calibrage, qualité sanitaire, stockage et conservation. Ainsi, l'entrée effective dans le processus n'a pas occasionné de bouleversements majeurs. Le principal changement par rapport à nos process de production et de mise sur le marché antérieurs, c'est le renforcement des procédures d'enregistrement et d'autocontrôle. Par exemple, nous avons dû isoler les productions sous label. C'est juste plus complexe, avec plus de formalisme. Il y a aussi plusieurs audits externes, des contrôles inopinés par Certipaq, des coûts supplémentaires... Cette démarche a mobilisé nos équipes, fières de s'engager vers une qualité supérieure... »
Ce label « dahlia » a deux particularités majeures par rapport aux labels alimentaires : la prise en compte des consommateurs et le « suivi de qualité supérieure ». Le jury de sélection comprend un collège d'amateurs utilisateurs (via la SNHF et la SFD), des journalistes et des représentants de collectivités. Il juge non pas l'aspect « nouveauté », mais le comportement variétal au jardin, la tenue aux intempéries et au vent, le port buissonnant ou structurant, l'utilisation mixte pot et fleur coupée. Outre des nouveautés, une dizaine de variétés anciennes comme 'Chat Noir' ou 'Clown' avaient été sélectionnées, qui ont confirmé leurs bons résultats. « Il fallait changer l'image des oignons à fleurs en général et des dahlias en particulier. Et redonner confiance à la clientèle sur la qualité et la conformité jusqu'aux points de vente », poursuit Philippe Turc. Le « suivi de qualité supérieure » est notamment réalisé dans un jardin dédié (au sein de la roseraie des Sables-d'Olonne (85) et au parc floral de Vincennes (94) en 2012). Une équipe du lycée de Pouillé, aux Ponts-de-Cé (49) effectue des prélèvements à l'aveugle. L'objectif est de garantir au consommateur final une réussite de ses plantations.
« Il est un peu trop tôt pour mesurer l'impact commercial réel », constate Philippe Turc. « Mais nous ne regrettons pas le choix du Label rouge à la notoriété bien établie. » Les opérations de communication ont entraîné une progression des ventes pour les produits “extras” par rapport aux productions standards. Leur image est plus dynamique, leur fiabilité meilleure, car la variété annoncée sur le paquet est bien celle qui se trouve à l'intérieur... À plus long terme, les retours des clients seront utiles. « Les enseignes de la distribution impliquées ont vraiment la volonté de participer à la promotion de ces produits labellisés. Il nous reste encore des marges de progrès : tout d'abord travailler avec les distributeurs les conditions de tenue et de présentation en magasin, avec une “charte de bonne conduite” pour ne pas casser en aval tous les efforts faits en amont. Nous espérons plus de vigilance en rayon, et qu'on tienne compte des éventuelles réclamations des clients. Ensuite, mieux associer les jardineries indépendantes et les producteurs détaillants. Les premiers contacts ont été pris avec la Fédération nationale des métiers de la jardinerie (FNMJ), membre de droit de l'ODG. » Aujourd'hui, les partenaires constatent que cette démarche collective a fait des émules. La filière rosier espère une labellisation en 2014 et les producteurs de sapins de Noël naturels coupés se sont également associés à des distributeurs en vue d'une labellisation. « Et notre protocole de “suivi de qualité supérieure” pourrait être intégré aux exigences de l'Inao pour d'autres produits sous Label rouge ! », conclut Philippe Turc.
Odile Maillard
Pour en savoir plus : – le Lien horticole n° 710 du 16 juin 2010, p. 12 ; – le Lien horticole n° 793 du 28 mars 2012, p. 4 ; – www.lienhorticole.fr/actualités – www.qualite-plantes.org
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